L’éveil de Maitre Xu Yun
« …Je saignais continuellement. Attendant ma fin, je m’assis avec fermeté dans le hall de méditation jour et nuit avec un zèle accru. Dans l’état de pure concentration de ma méditation, j’oubliai tout de mon corps et, vingt jours plus tard, mon corps guérit complètement. Quand l’abbé de Cai-Shi Jetty vint offrir des vêtements à l’assemblée, il fut rassuré et ravi de voir que mon apparence était radieuse. Il parla alors de ma chute dans la rivière et tous les moines me tinrent en grande estime. Je fus alors dispensé de travailler dans le hall et pus poursuivre ma méditation.
Mes pensées en arrivèrent à s’arrêter complètement, ma pratique se poursuivait jour et nuit. Mes pas étaient aussi légers que si je flottais dans les airs. Un soir, après la dernière période de méditation, j’ouvris les yeux et soudain, je perçus une clarté semblable au grand jour, dans laquelle toute chose à l’intérieur et à l’extérieur du monastère m’était discernable. A travers le mur, je vis le moine en charge de l’allumage des lampes et de l’encens en train d’uriner à l’extérieur, le moine en charge des invités se trouvait dans les toilettes, et plus loin, je voyais des bateaux sur la rivière dont les rives étaient plantées d’arbres — je vis tout cela clairement juste à la troisième heure de la nuit.
Le matin suivant, je questionnai le moine chargé de l’encens et celui en charge des invités qui me confirmèrent ce que j’avais vu la nuit précédente. Comprenant que cette expérience n’était encore qu’un état temporaire, je ne lui accordai pas une importance excessive.
Dans le douzième mois, au cours de la troisième nuit de la huitième semaine de sesshin, un moine vint remplir nos tasses de thé après la fin de la méditation. Le liquide bouillant éclaboussa ma main et je lachai la tasse qui tomba sur le sol en se brisant avec un bruit net; instantanément, mes derniers doutes au sujet de l’Esprit-Racine furent tranchés et je me réjouissai à la réalisation de mon but tant espéré…
Extrait de Empty Cloud – The autobiography of the Chinese Zen Master XU YUN (épuisé)
Il est possible de consulter ce livre sur internet : ici
Extrait d’enseignement :
« Dans notre école, l’enseignement consiste en la vision directe de notre essence propre, que les mots et les phrases ne peuvent exprimer. […] Cependant, à cause de notre nature inférieure, les anciens maîtres furent obliger d’user d’artifices pour instruire leurs disciples et leur donnèrent à méditer des phrases particulières appelées hua tou. Et comme les adeptes de la Terre Pure qui récitaient le nom de bouddha était nombreux, ils leur donnèrent à méditer le hua tou suivant : « Qui récite le nom du Bouddha ? » […] Dans notre investigation du hua tou, le mot « qui » doit être soigneusement examiné. […] Vous devez vous efforcer de connaître d’où vient ce « qui » et à quoi il ressemble. Notre investigation doit être tournée vers l’intérieur et pour cela elle est aussi nommée l’écoute intérieure de notre nature propre. »
Source : Tsun Yun, le moine aux semelles de vent par Eric Sablé